3° Quand je suis absorbé par la connaissance des objets dans le monde, par le déploiement du doute qui doit me conduire à la certitude, je m’occupe des choses, je ne pense pas à moi, à mes fins, à mon bonheur, mon salut. Partout des affirmations s’opposent à d’autres affirmations. Les situations-limites — mort, hasard, culpabilité, impossibilité de compter sur le monde — me révèlent mon échec. Mais ce que veut le stoïcisme, c’est la philosophie dans toute son authenticité. L’homme qui a fait l’expérience originelle des situations-limites est poussé du fond de lui-même à chercher à travers l’échec le chemin de l’être. Ces trois mobiles qui agissent en nous — étonnement et connaissance, doute et certitude, situation de l’homme perdu dans le monde et qui devient lui-même — n’épuisent pas les raisons qui nous portent aujourd’hui à philosopher. Il nous abandonne à la désolation d’une pensée qui n’est indépendante que faute de tout contenu.
» Et l’on n’attend pas que les réponses à ces questions aient une quelconque utilité pratique, mais qu’elles soient en elles-mêmes satisfaisantes. Que puis-je faire devant cet échec absolu dont je ne puis loyalement nier l’évidence ? Pour cela il oppose les philosophes aux savants.
Dans le texte extrait de Introduction à la philosophie, K. jaspers nous propose sa vision sur l'origine de la philosophie et son intérêt.
Cet index nous désigne autre chose. Chacune de ces tentatives a sa vérité, à travers le vêtement historique chaque fois différent des représentations et du langage. Il y a le fondement créé par la tradition, au fil de l’histoire : la langue maternelle, la foi, l’œuvre des penseurs, des poètes et des artistes.
La façon dont il fait cette expérience de l’échec est pour lui décisive : l’échec peut lui demeurer caché et finir par l’écraser, en fait seulement ; l’homme peut au contraire le contempler en face et le garder présent à son esprit comme la limite constante de sa vie ; il peut recourir contre lui à des solutions et à des apaisements imaginaires, ou bien au contraire l’accepter loyalement en gardant le silence devant l’inexplicable.
Avant d’être une discipline d’étude, il s’agit avant tout d’une certaine manière de voir le monde, de le questionner. Partant de la constatation primordiale de l'existence, le philosophe, échappant au réalisme matérialiste, doit rechercher les conditions du salut de l'homme, c'est-à-dire l'accomplissement de sa liberté. 1° Platon a dit que lorigine de la philosophie, cest létonnement. Les perceptions sensibles sont conditionnées par nos organes et elles nous trompent, en tout cas elles ne coïncident pas avec ce qui existe en soi hors de nous, indépendamment de la perception que nous en avons. Car telle qu’elle nous atteint, elle est tout entière œuvre humaine. Merci pour tout ce que Vous nous offrez en matière de philosophie.
Notre œil nous a fait « participer au spectacle des étoiles, du soleil et de la voûte céleste ». Pourtant, cette marche en avant - qui est le sort de l'homme dans le temps - n'exclut pas la possibilité d'un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d'une sorte d'achèvement. Leur valeur est conditionnelle, elle dépend de la communication entre les hommes.
» S’étonner, c’est tendre à la connaissance. C’est par de telles expériences que l’homme s’est instruit ; sous la menace, il cherche la sécurité. On nourrissait cette belle illusion dans les époques paisibles où la limite restait voilée.
Et pourtant, philosopher, c’est toujours vaincre le monde, c’est quelque chose d’analogue au salut. Karl Jaspers est aujourd'hui un des rares philosophes qui essaient de tenir une difficile position entre les religions positives avec leurs Credo et leurs organisations confessionnelles, et les humanismes athées issus d'Auguste Comte, de Feuerbach et de Karl Marx, ou de Nietzsche. Cet élément originel est multiple. C’est seulement dans la communication qu’on atteint le but de la philosophie où réside en dernier ressort le sens de tous les autres buts : prendre connaissance de l’être, éclairer l’amour, trouver la perfection du repos.
Cela change lorsque je prends conscience de moi-même dans ma situation. 1° Platon a dit que l’origine de la philosophie, c’est l’étonnement. Mais l’ensemble de cette tradition ne nous fournit pas d’asile sûr, nous ne pouvons pas non plus compter absolument sur elle.
Jaspers incarne, en Allemagne, l'existentialisme chrétien. Thibault : "Le texte de Karl Jaspers, " Introduction à la philososophie", paru en 1965 a pour thème la philosophie. Ce spectacle nous « a incités à étudier lunivers entier. La justice et la liberté ne pourraient régner à l’intérieur des Etats que si chaque citoyen se comportait envers autrui conformément à l’exigence d’une solidarité absolue. Le stoïcisme se trompait, car il ne voyait pas l’impuissance de l’homme dans toute sa radicalité. Jusqu’ici, dans l’histoire, il y avait d’homme à homme des liens incontestés : communautés dans lesquelles on pouvait avoir confiance, institutions, esprit commun.
Il n’a pas vu que la pensée même est dépendante, étant en soi vide et obligée de recourir à ce qui lui est donné ; et il n’a pas vu non plus que la folie reste possible. Leur voie, c’est celle où s’accomplit l’acte individuel de la conversion. Pour l'auteur, l'étonnement, et donc la philosophie, permettrais une prise de conscience de notre ignorance.
C’est dans ce cas seulement que tous s’opposeraient comme un seul homme à l’injustice commise à l’égard d’un seul.
L'auteur s'interroge sur la définition de la philosophie qui est pour lui, avant tout, "amour du savoir" et "recherche de la vérité".
Celui-ci n'est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi; il est dans la façon dont s'accomplit, au sein de l'histoire, la condition d'un être humain auquel se révèle l'être même. C’est son essence même que d’être transmissible et ce caractère est indissociable de sa vérité. C’est l’étonnement qui poussa Platon et Aristote à chercher l’essence de l’être. Cet éveil s’accomplit lorsque nous jetons un regard désintéressé sur les choses, le ciel et le monde, lorsque nous nous demandons : « Qu’est-ce que tout cela ?